L’Hospice Ambulant a été le premier spectacle de la compagnie. Cette création est directement inspirée de la pièce de Molière “L’amour médecin.” Comme si les médecins présents dans la pièce voyageaient de ville en ville pour prodiguer leurs soins. 

Lorsque nous avons voulu monter un second spectacle fixe, cette pièce est apparue comme une évidence. Cela nous permet d’avoir une partie de nos médecins sous forme déambulatoire et aussi sur un spectacle fixe.

 

L’amour et la mort se côtoient sans cesse au travers des personnages. « Urgence », c’est le mot qui définit la mise en scène.

 

Lucinde, la fille de Sganarelle, se trouve dans un mal étrange. Dans un état difficile à expliquer. Sa nourrice, Lisette, comprend qu’elle est tombée amoureuse et que c’est la peur d’un amour impossible qui l’a fait chavirer. Mais son père ne veut pas en entendre parler. Ce dernier préfère écouter le pire sortir de la bouche des médecins plutôt que d’entendre le cœur de sa fille.

Mais l’amour ne s'opère pas. Pourtant c’est bien de cette position de faiblesse et de détresse dans laquelle se retrouve Sganarelle que les médecins vont profiter. On tombe malade mais on tombe aussi amoureux. Pourtant l’amour n’est pas une maladie.

 

“Quel est le plus grand faible des Hommes ? C’est l’amour qu’ils ont pour la vie. Et nous en profitons nous autres…”

 

Cette pièce apporte une réflexion sur la science et les croyances. La limite entre les deux est parfois ambiguë. Où est le vrai ou est le faux ? Qui en profite ? La médecine à toujours été un sujet très sensible et parfois amoral. Le rapport pyramidal de nos institutions placent les médecins sur un piédestal, au sommet de l’échelle sociale. Quasiment au-dessus de tout car ce sont eux qui peuvent avoir droit de vie ou de mort sur nous. Et face à la mort, nous sommes tous égaux. Et lorsque la croyance et le fanatisme viennent se mélanger à la science, il vaut mieux en rire…

Molière livre là une pièce qui résonne encore fortement aujourd’hui et d’autant plus avec la crise sanitaire du covid 19 qui a divisé la société et le monde de la médecine. Nous avons pris plaisir à donner vie à un texte aussi actuel et qui permet de rire de cette situation sanitaire bouleversante. Le charlatanisme est revenu sur le devant de la scène pour le plus grand bonheur des comédiens ! 

Cependant, sans prétentions, nous avons pris la liberté de réécrire totalement l’acte deux pour qu’il soit plus adapté à notre vision du théâtre de rue et pour montrer avec humour l’hypocrisie et l'esbroufe qui règne. 

 

La scénographie est au service de l’urgence. Nous souhaitions avoir de la hauteur de jeu pour multiplier le nombre d'entrées et de sorties possibles. Le décor a donc été divisé en trois niveaux  avec un ordre d’espace croissant: du plus bas au plus haut, du plus large au plus petit, du moins intimiste au plus intimiste. L’étage du bas pourrait correspondre à la cour de la maison, le premier étage au salon et le dernier étage à la chambre de Lucinde. La première image que nous avons souhaité représenter est celle du jeu pour enfant où le but est de taper, à l'aide d’un marteau, sur des taupes qui sortent et qui rentrent. Quelque chose de très rapide qui peut rendre fou ! 

 

Anthony La Lumia, Metteur en scène